1. La mémoire corporelle des traumatismes
Le traumatisme psychique est trop souvent perçu comme une entité abstraite, détachée du corps, réduite à des souvenirs douloureux ou à des symptômes émotionnels. Pourtant, les avancées récentes en neurosciences ont bouleversé cette vision en démontrant que le traumatisme modifie en profondeur non seulement le cerveau, mais aussi le fonctionnement global du corps humain. Des études ont montré que les expériences traumatiques laissent des empreintes dans les circuits neuronaux et les tissus corporels, affectant la physiologie, la posture et la capacité à ressentir le bien-être.
L’amygdale, structure cérébrale centrale dans la détection du danger et la réaction de peur, devient hypersensible chez les personnes traumatisées. À l’inverse, l’hippocampe, qui joue un rôle dans la contextualisation des souvenirs et dans la mémoire spatiale, peut présenter une atrophie, rendant difficile la distinction entre le passé et le présent. Ce dérèglement entraîne des flashbacks, des hyperréactivités et un état d’alerte permanent. Parallèlement, le cortex préfrontal, impliqué dans la prise de décision, la régulation émotionnelle et le langage, perd de son efficacité sous l’effet du stress chronique.
Mais l’atteinte ne s’arrête pas là. Le traumatisme est aussi somatique : les personnes atteintes de stress post-traumatique présentent une altération du tonus musculaire, une respiration thoracique haute, des désordres digestifs, des troubles du sommeil et des douleurs inexpliquées. Le système nerveux autonome est souvent figé dans une réponse de défense : soit en hyperactivation sympathique (fuite/attaque), soit en inhibition parasympathique (figement, dissociation). Le corps reste alors bloqué dans l’urgence, même en l’absence de danger réel.
Cette mémoire corporelle du traumatisme est également perceptible dans la proprioception : le sujet perd la capacité de ressentir finement son corps, d’en percevoir les contours et les signaux. Il peut se sentir étranger à lui-même, comme déconnecté de sa propre corporalité. Ce phénomène est souvent décrit dans les états de dissociation, mais il est aussi observable dans de simples troubles posturaux ou dans la perte de contrôle moteur.
Résumé : Saviez-vous que votre corps se souvient de tout, même quand votre esprit oublie ? Dans ce premier chapitre, vous découvrirez comment les traumatismes – qu’ils soient psychiques ou physiques – laissent une empreinte durable dans votre système nerveux, vos muscles, et votre posture. Ce n’est pas de la magie, c’est de la neurobiologie : certains symptômes chroniques prennent racine dans des stress anciens que votre corps continue de « gérer », sans que vous en soyez toujours conscient.
2. L'impact sur la posture et le mouvement
Le traumatisme psychocorporel altère la mécanique du corps. Il ne se contente pas d’influencer le mental ; il fige littéralement certaines zones corporelles. En posturologie, ces manifestations sont évidentes : asymétries toniques, bascules pelviennes, tensions myofasciales localisées, respiration restreinte, perte de mobilité articulaire. Les muscles profonds perdent leur tonicité, les chaînes musculaires se réorganisent en compensation, et le schéma moteur s’altère.
Des études IRM fonctionnelles ont démontré que les patients atteints de trouble de stress post-traumatique (TSPT) activent différemment les zones cérébrales liées au mouvement et à la perception du corps. Cette modification centrale entraîne une mauvaise régulation périphérique. En d’autres termes, le cerveau ne sait plus comment gérer le corps dans l’espace : il perd sa capacité à générer un mouvement fluide, précis, adapté.
Prenons l’exemple d’un patient victime d’un accident de voiture ayant entraîné une douleur chronique lombaire. Même après guérison tissulaire, il continue à marcher avec une raideur lombaire, comme si le corps « se souvenait » de l’impact. La douleur persiste, non parce que la lésion est encore présente, mais parce que le cerveau maintient une protection réflexe. Cette mémoire motrice figée devient un verrou dans la dynamique corporelle.
Résumé : Avez-vous déjà eu la sensation de ne plus bouger comme avant, sans blessure apparente ? Ce chapitre explique comment un traumatisme peut modifier votre façon de bouger, en créant des blocages, des raideurs ou des compensations. Même après guérison apparente, votre cerveau peut continuer à protéger votre corps comme s’il était encore en danger. Ce mécanisme de protection, bien qu’inconscient, finit par engendrer des douleurs ou des limitations.
3. La théorie du "verre d'eau" et les seuils de compensation
L’approche orthokinésique propose un modèle intégratif pour comprendre ces dérèglements : la théorie du "verre d’eau". Chaque individu porte en lui un certain niveau de charge corporelle, composée de trois dimensions :
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mécanique (microtraumatismes, postures figées, tensions chroniques),
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psychique (stress, émotions non exprimées, traumatismes),
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métabolique (inflammations, déséquilibres nutritionnels, fatigue).
Tant que le niveau global reste en dessous du seuil de tolérance, le corps compense, ajuste, équilibre. Mais lorsque ce verre déborde, même une sollicitation minime peut provoquer une décompensation brutale. Ce modèle rend compte de nombreuses situations cliniques : un patient se « bloque le dos » après un simple éternuement, développe une tendinite après une activité anodine, ou souffre de troubles digestifs inexpliqués.
Ce n’est pas l’action en elle-même qui est responsable, mais l’accumulation de tensions préexistantes qui a fait déborder le verre. Le rôle du thérapeute orthokinésiste est donc double : vider progressivement ce verre, tout en renforçant les capacités de résilience du corps.
Résumé : Pourquoi certaines personnes souffrent après un petit effort ou un événement anodin ? Grâce à une image simple – celle du verre d’eau – vous comprendrez que nos douleurs ne sont souvent que la conséquence d’une accumulation : mécanique, émotionnelle, métabolique. Quand le verre déborde, le corps ne compense plus. Ce chapitre vous aidera à mieux comprendre vos propres seuils de tolérance corporelle et émotionnelle.
4. Le bilan postural OPS : une cartographie des fragilités corporelles
Le bilan postural OPS constitue une véritable photographie fonctionnelle du corps humain. Il ne s’agit pas seulement d’aligner des segments ou de mesurer des asymétries : il s’agit de comprendre comment chaque déséquilibre structurel, chaque tension tissulaire, chaque stratégie de compensation raconte une histoire. Ce bilan permet d’identifier les points de surcharge, les zones figées, les schémas de mouvement perturbés.
Concrètement, le bilan OPS analyse la posture debout, la marche, l’équilibre, la coordination motrice, la stabilité oculaire, la proprioception podale et les asymétries mandibulaires. Chaque donnée est corrélée à l’historique du patient (traumatismes, douleurs chroniques, interventions chirurgicales, troubles digestifs, migraines, etc.) pour établir une synthèse globale. L’orthokinésiste ne se contente pas d’observer : il interroge, teste, provoque des déséquilibres pour révéler les failles du système.
Ce bilan met souvent en évidence des zones de « verrouillage fonctionnel » : des articulations hypomobiles, des chaînes musculaires figées, des points d’appui asymétriques. Ces éléments trahissent la présence d’une mémoire lésionnelle, soit mécanique (entorse ancienne, fracture, chute), soit émotionnelle (choc psychique ayant engendré une attitude posturale défensive).
À partir de ces données, l’orthokinésiste élabore un plan de traitement personnalisé visant à relancer la dynamique corporelle par des stimulations ciblées.
Résumé : Chaque corps a ses points faibles et ses zones fortes. Le bilan postural OPS est un outil qui permet de les repérer avec précision. En lisant ce chapitre, vous comprendrez comment une évaluation globale de votre posture, de vos appuis et de vos chaînes musculaires peut révéler des déséquilibres liés à votre histoire personnelle. Le but ? Identifier les zones où votre corps a cessé de compenser avant que les douleurs n’apparaissent.
5. Les traitements orthokinésiques : relancer la mobilité, libérer les mémoires
Le traitement orthokinésique repose sur un principe fondamental : le mouvement est thérapeutique, mais encore faut-il qu’il soit guidé, respectueux des lésions, adapté au schéma compensatoire du patient. Loin des mobilisations forcées ou des gestes standardisés, l’orthokinésie s’appuie sur une reprogrammation dynamique de l’ensemble du corps.
Cette reprogrammation s’effectue à l’aide de dispositifs proprioceptifs activants :
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les activateurs plantaires : semelles dynamiques personnalisées, stimulantes, qui réveillent les récepteurs podaux et rééquilibrent la posture de manière fluide,
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les activateurs buccaux : gouttières stimulantes qui réorganisent les tensions mandibulaires, libèrent l’occlusion et améliorent la posture crânio-cervicale,
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les activateurs oculaires : planches orthoptique qui activent les chaînes musculaires via les connexions entre les yeux et la posture,
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les activateurs posturaux : un rééquilibrage posturale avec des sangles élastiques permet de forcer le corps à se positionner selon les contraintes ou les facilités imposées par l'orthokinésiste.
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les techniques manuelles orthokinésiques : mobilisations tissulaires fines, défibrosantes, qui permettent de redonner de la souplesse aux muscles figés.
Chaque traitement est ajusté en fonction du bilan et de la tolérance du patient. L’objectif n’est pas de corriger à tout prix, mais de relancer un mouvement juste, physiologique, qui réinforme le cerveau sur les capacités du corps à se mouvoir en sécurité. Cette sécurité est essentielle, car sans elle, le corps reste en mode défensif.
Résumé : Le mouvement peut-il guérir ? Oui, à condition d’être juste, ciblé et adapté à votre schéma corporel. Ce chapitre vous plonge dans l’univers des activateurs (plantaire, buccal, oculaire) et des techniques manuelles orthokinésiques. Vous découvrirez comment ces approches permettent de libérer les muscles contracturés, relancer la circulation dans les tissus figés et rééduquer votre posture dans le respect de votre propre équilibre.
6. La libération émotionnelle par le mouvement : quand le corps parle enfin
Il est fréquent d’observer, en séance orthokinésique, des patients qui fondent en larmes, rient nerveusement ou ressentent un poids qui « s’envole » alors qu’aucune discussion thérapeutique n’a eu lieu. Ce phénomène, aussi déconcertant que révélateur, s’explique par la capacité du corps à contenir des émotions refoulées, en particulier lorsque celles-ci sont liées à des événements traumatiques non intégrés.
Le mouvement guidé, lorsqu’il respecte les limites de la mémoire lésionnelle, devient un levier d’expression émotionnelle. Chaque articulation mobilisée, chaque fascia relâché, chaque schéma corporel réorganisé libère une charge énergétique emprisonnée depuis parfois des années. C’est la clé du travail orthokinésique : en restaurant la fluidité du mouvement, on déverrouille aussi les émotions enkystées dans les tissus.
Prenons l’exemple d’un patient souffrant d’une épaule gelée depuis plusieurs mois, sans cause traumatique apparente. Lors des premières séances, le traitement orthokinésique révèle une ancienne chute oubliée, mais surtout une période de stress émotionnel intense. En stimulant les chaînes musculaires associées au membre supérieur, le patient ressent une grande fatigue suivie d’un flot émotionnel incontrôlable. Quelques jours plus tard, la mobilité revient.
Cette libération émotionnelle n’a rien de mystique : elle est aujourd’hui bien documentée dans les travaux sur les thérapies somatiques. Des chercheurs comme Peter Levine ou Pat Ogden ont montré que l’émotion retenue dans le corps peut générer des symptômes chroniques, et que la résolution du traumatisme passe nécessairement par une réintégration corporelle.
L’orthokinésie partage cette approche : elle considère que les tissus peuvent « parler », et que le mouvement devient langage lorsque le verbal est insuffisant. Ce principe est particulièrement précieux chez les enfants, les personnes âgées ou les individus ayant vécu des traumas précoces non verbalisables.
Résumé : Pourquoi certaines personnes pleurent-elles pendant une séance corporelle ? Parce que les émotions non exprimées s’inscrivent parfois dans les tissus. Ce chapitre aborde un phénomène troublant mais libérateur : lorsque l’on relâche une zone figée, il arrive que l’émotion logée là depuis des années remonte à la surface. Le corps devient un canal d’expression quand les mots ont été refoulés.
7. Perspectives scientifiques : convergences actuelles avec les neurosciences
L’évolution des neurosciences vient appuyer les fondements empiriques de l’orthokinésie. Des recherches récentes montrent que le corps joue un rôle central dans la régulation émotionnelle et l’adaptation au stress. Par exemple, l’étude de Schore (2022) démontre que les expériences corporelles influencent directement les réseaux cérébraux de la résilience émotionnelle. D’autres travaux ont exploré l’effet de la respiration diaphragmatique sur le nerf vague et la modulation du système nerveux autonome.
Les thérapies somatiques telles que la Somatic Experiencing, la thérapie sensorimotrice ou encore la méthode Feldenkrais sont de plus en plus étudiées scientifiquement. Elles reposent toutes sur le même principe : restaurer une présence corporelle pour permettre au psychisme de se stabiliser. Cette convergence valide l’approche orthokinésique comme une médecine d’avenir, capable de relier le corps, l’émotion et le mouvement dans une même dynamique thérapeutique.
Des études en IRM fonctionnelle menées à Yale et Harvard (2023-2024) montrent que des techniques corporelles peuvent diminuer l’hyperactivité de l’amygdale, restaurer la connectivité du cortex préfrontal et favoriser une meilleure intégration des souvenirs traumatiques. En cela, l’orthokinésie agit comme un levier neurophysiologique puissant, mais encore sous-exploité.
Résumé : Ce n’est pas une méthode empirique isolée : l’orthokinésie est en phase avec les dernières recherches en neurosciences, en thérapie somatique et en régulation du stress. Ce chapitre vous montrera comment cette approche s’appuie sur des bases scientifiques solides et peut s’inscrire dans une médecine du futur, qui reconnecte enfin le corps et l’esprit.

8. L’ancrage des tensions émotionnelles : faiblesse mécanique et saturation corporelle
Dans l’approche orthokinésique, il est fondamental de comprendre que le traumatisme ne s’exprime pas toujours par la parole, ni même par la mémoire consciente. Le corps, quant à lui, n’oublie rien. Et surtout, il encode les événements émotionnels sous forme de tensions musculaires, de restrictions de mobilité et de compensations tissulaires. Lorsqu’une charge émotionnelle intense survient – qu’il s’agisse d’un choc psychologique, d’une période de stress chronique ou d’un traumatisme affectif – elle s’inscrit souvent là où le corps est le plus faible mécaniquement.
Pourquoi ? Parce que c’est dans les zones déjà fragilisées, usées ou mal compensées que le système postural peine à gérer l’excès de tension. Le corps humain cherche toujours à répartir la charge. Lorsqu’il est fort dans une région, il parvient à absorber les tensions. Mais lorsque la région est faible, sous-vascularisée ou instable, elle devient le réceptacle privilégié de la souffrance émotionnelle.
C’est ici qu’intervient la théorie du verre d’eau : chaque individu cumule trois types de charges – mécanique, psychique et métabolique. Tant que le niveau de remplissage du verre est supportable, l’organisme compense. Mais dès que ce verre déborde, il suffit d’un élément anodin pour déclencher des douleurs, des blocages, une fatigue extrême. C’est souvent dans ces moments que le patient consulte, sans comprendre pourquoi une simple contrariété ou un faux mouvement a provoqué une telle réaction.
Ainsi, l’orthokinésiste comprend que le point douloureux n’est pas forcément le lieu du traumatisme, mais celui de l’effondrement. Le lieu où le corps a cessé de compenser. Il devient alors impératif de repérer ces zones faibles grâce au bilan postural OPS.
Résumé : Lorsque vous vivez un stress ou un choc émotionnel, ce n’est pas toujours l’esprit qui flanche : parfois, c’est le corps qui cède, précisément là où il est le plus fragile. Ce chapitre vous aide à comprendre pourquoi certaines douleurs apparaissent à des endroits très spécifiques, et comment les tensions émotionnelles viennent s’y ancrer quand le système ne peut plus compenser.
9. Redonner de la force aux zones fragiles : analyse, rééquilibrage et libération
Le bilan postural OPS est une véritable cartographie fonctionnelle de la posture et de la locomotion. Il ne se contente pas de relever des asymétries visibles ; il vise à déceler les points faibles, ceux qui ne tiennent plus, qui fléchissent sous la pression du quotidien, de l’histoire du patient ou des contraintes émotionnelles accumulées. En renforçant ces points d’ancrage fragiles, on permet au corps de reprendre pied, de retrouver une stabilité qui lui manquait.
Imaginez un individu contraint de porter un poids de 200 kilos. Pendant deux heures, il résiste. Mais à un moment donné, il cède, et s’effondre au sol, incapable de se relever. Ses muscles sont asphyxiés, ses ressources épuisées. Il n’a plus d’appui. Mais si à ce moment-là, on vient renforcer ses appuis – par exemple en améliorant son ancrage plantaire, en relâchant ses chaînes postérieures, en équilibrant son bassin – alors il peut à nouveau se relever. Non pas parce qu’on lui a retiré tout le poids, mais parce qu’on lui a rendu une capacité d’adaptation.
L’orthokinésie offre cela : elle change l’histoire d’une posture. Elle ne nie pas le traumatisme, elle le lit dans le corps, le comprend, puis elle agit. D’abord en analysant précisément les zones affectées, ensuite en corrigeant les équilibres par des stimulateurs posturaux – activateurs plantaires, buccaux, oculaires – puis en travaillant les tissus par des techniques manuelles.
Ces techniques ne visent pas à forcer, mais à relancer. À réinformer. Car un muscle contracturé de manière chronique est un muscle « froid », mal irrigué, dur, figé. Ce que les anciens appelaient des « nerfs démis » correspond aujourd’hui à ces structures figées qu’il faut manipuler pour rétablir une circulation normale, une vascularisation, une proprioception correcte.
Lorsque le tissu revit, il retrouve sa capacité à bouger. Et lorsqu’il bouge, il sort de la compensation. Or, dans toute compensation, un excès de mobilité s’installe ailleurs. C’est pourquoi de nombreuses pathologies (hernies discales, tendinopathies, lombalgies, etc.) apparaissent non pas dans les zones figées, mais dans les zones sur-sollicitées à cause d’un blocage en amont.
Enfin, et c’est là l’un des apports majeurs de l’orthokinésie : en libérant ces tissus, on libère aussi les émotions. Combien de patients ont pleuré lors de manipulations manuelles, sans que le thérapeute n’ait abordé un seul aspect émotionnel ? Parce que le corps, une fois libéré de sa cage posturale, laisse émerger les charges émotionnelles qui s’y étaient logées.
Souvent, le thérapeute ignore qu’un traumatisme émotionnel a été vécu. Parce que le patient ne l’a pas dit. Parce qu’il ne l’a pas verbalisé. Parce qu’il ne s’en souvient même pas. Et pourtant, à mesure que le verre d’eau se vide, les tensions se libèrent. Et dans cette libération, le corps retrouve sa vérité profonde. Celle d’un organisme en souffrance qui, enfin, respire.
Résumé : Le corps peut se redresser, retrouver sa force, sa stabilité et sa liberté. À condition de lui redonner les bons appuis, les bons outils, et une lecture fine de ses déséquilibres. Ce dernier chapitre vous montre comment, grâce à l’analyse OPS et aux traitements orthokinésiques, on peut transformer une posture souffrante en une posture vivante et libérée. Car guérir, c’est aussi se remettre debout.
10. Études de cas cliniques : quand l’orthokinésie transforme
Cas 1 : Une adolescente de 15 ans, douleurs lombaires persistantes
Cette jeune patiente consulte pour des douleurs lombaires bilatérales depuis plus d’un an. Aucun examen ne révèle de pathologie organique. Le bilan postural OPS met en évidence un affaissement de l’arche plantaire gauche, une bascule pelvienne et une instabilité oculaire. En reprenant son historique, on apprend qu’elle a changé de collège après une année de harcèlement scolaire. Le traitement orthokinésique, combinant semelles actives, planches oculaires et mobilisation douce, entraîne une amélioration nette dès la troisième semaine. En séance, elle exprime des souvenirs liés au harcèlement, qu’elle n’avait jamais évoqués auparavant. Le lien entre sa posture « repliée » et sa souffrance psychique devient manifeste.
Cas 2 : Un homme de 42 ans, migraines chroniques post-traumatiques
Victime d’un accident de ski avec commotion cérébrale il y a 5 ans, ce patient souffre de migraines bihebdomadaires résistantes à tout traitement. L’analyse OPS met en lumière un déséquilibre mandibulaire sévère et une compensation posturale par la chaîne scapulaire. L’utilisation d’un activateur buccal, associé à des techniques manuelles orthokinésiques, permet une réduction de la fréquence des migraines de 80 % en deux mois. La réintégration corporelle permet au patient de sortir de son « schéma de défense crânien » maintenu inconsciemment.
Cas 3 : Une femme de 60 ans, fibromyalgie et fatigue chronique
Diagnostic depuis plus de 10 ans. Posture affaissée, regard fuyant, instabilité podale majeure. La patiente présente une hyperlaxité tissulaire, mais aussi un vécu de violences conjugales anciennes. L’approche orthokinésique respecte le seuil de tolérance tissulaire en travaillant progressivement les appuis plantaires et la posture crânio-cervicale. Après 4 mois de prise en charge, elle témoigne d’une reprise d’énergie, d’un sommeil amélioré et d’une diminution significative des douleurs diffuses.
Ces cas illustrent que derrière les symptômes physiques se cachent souvent des histoires plus complexes, que seule une approche globale peut révéler et traiter efficacement.
Résumé : Une adolescente harcelée, un homme migraineux post-commotion, une femme fibromyalgique : ces trois histoires concrètes vous aideront à mieux comprendre comment l’orthokinésie s’adapte à chaque situation. Vous verrez qu’un symptôme peut cacher une origine posturale, émotionnelle ou ancienne, et que c’est en reprogrammant le corps qu’on peut apaiser durablement la douleur.
Bibliographie
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Schore, A. (2022). The Development of the Unconscious Mind. Norton.
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Porges, S. (2011). The Polyvagal Theory: Neurophysiological Foundations of Emotions. Norton.
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Levine, P. (2010). In an Unspoken Voice: How the Body Releases Trauma and Restores Goodness. North Atlantic Books.
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Ogden, P. et al. (2006). Trauma and the Body: A Sensorimotor Approach to Psychotherapy. Norton.
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Van der Hart, O., Nijenhuis, E., Steele, K. (2006). The Haunted Self. Norton.
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Neuroscience News (2024). The Body Remembers: Trauma Leaves Lasting Biological Imprints.
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Frontiers in Psychology (2023). Changing the Score: Somatic Therapies and Childhood Trauma Recovery.
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Yale Neuroscience Institute (2023). Distinct Brain Activity Triggered by Somatic Processing.
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Harvard Mind/Brain Institute (2024). Integrative Approaches to PTSD: From Talk to Touch.