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DIAPHRAGME : LOMBALGIES ET TROUBLE POSTURAL !

Christophe Otte
Orthokinésiste
Physiothérapeute, podologue, ostéopathe, posturologue
DIAPHRAGME : LOMBALGIES ET TROUBLE POSTURAL !
Le mode de vie moderne occasionne des déséquilibres posturaux qui créent à force des douleurs corporelles telles que les lombalgies. Ces problèmes sont endémiques, car ils affectent en pratique, au moins une fois dans la vie, la quasi-totalité de la population. C’est la raison pour laquelle l’orthokinésie-posturologie porte un intérêt particulier à comprendre les éléments qui peuvent favoriser des lombalgies.
 
Par  lombalgie,  on visualise l'image douloureuse d’une zone délimitée en haut par l'horizontale qui passe par D12, et en bas par le pli des fesses. On parle de lombosciatalgie si la douleur touche également le membre inférieur.

Si l'étiopathogenèse du problème est très vaste, il existe également de nombreuses méthodes d'intervention, qui peuvent inclure le traitement pharmacologique, l'approche manuelle, l'utilisation d'appareils d’électrothérapies, l'utilisation d'exercices pour tonifier les muscles faibles, les traitements orthopédiques…

Le choix du traitement répond à de nombreuses variables, qui peuvent être liées au type de pathologies, au type d'équipements disponibles, à l'état d'inflammation du tractus affecté, etc.
 
Comment fonctionne le corps humain ?
Le corps humain est une structure articulée qui s'adapte passivement, activement et de manière autonome à diverses conditions. La structure mécanique est composée d'éléments d'étanchéité rigides (os), élastiques-dynamiques (ligaments et fascias) et dynamiques (muscles); tous corrélés pour former un système biodynamique complexe.
Les structures du corps humain obéissent aux lois de la physique, telles que celles de l'équilibre statique et dynamique, des leviers et des fluides. La structure de notre posture étant adaptable, nous disposons d’un système de contrôle qui nous permet de compenser dans des limites définies pour chaque personne. Dès qu’elles sont dépassées, les douleurs font leurs apparitions.
Les principaux éléments de contrôle de la posture sont : les yeux, la bouche, les pieds et le vestibule. 

Il est bien connu que les pieds interagissent sur le bassin et les vertèbres lombaires par actions fasciales, proprioceptives et articulaires. En tant que fondations, ils assurent l’équilibre de corps entier. Le moindre dérèglement peut tout perturber au niveau postural. En dynamique, ils interviennent aussi pour amortir les chocs, faciliter la propulsion et assurer l’équilibrage dynamique de la posture.
Les yeux, les mâchoires et l’appareil vestibulaire (oreille interne) interviennent dans l’équilibre du port de tête et par ce fait du haut du corps.

Le diaphragme est un muscle dont on parle peu en tant qu’élément susceptible de favoriser des lombalgies. Le  diaphragme est un muscle asymétrique qui sépare la poitrine de l'abdomen. 


C'est le principal muscle lié à la respiration. Sa forme ressemble à celle d'un dôme et est formée d'une partie tendineuse centrale, communément appelée « centre phrénique », et d'une partie musculaire vertébrale (costale et sternale). Le premier est constitué de deux faisceaux volumineux de fibres : respectivement le pilier droit qui s'adapte sur les disques intervertébraux L1-L2 et L2-L3 et parfois L4, et le pilier gauche qui s'adapte sur les disques L1-L2 et L2-L3. La partie costale prend naissance sur la face interne des six dernières  côtes  et sur les arcades aponévrotiques qui rejoignent les sommets des 10e, 11e et 12e côtes et qui sont insérées sur le nerf phrénique. La partie sternale est constituée de deux faisceaux musculaires dérivant de la face postérieure du processus typhoïde, qui se terminent toujours au centre phrénique.
Lorsqu'une inspiration est déclenchée, le diaphragme se contracte et son dôme s'abaisse jusqu'à trouver la résistance des viscères et du  tendon  suspenseur du diaphragme. Cela déclenche une dépression à l'intérieur du coffre qui favorise l'entrée d'air dans celui-ci. Inversement, lorsque le diaphragme se détend et monte vers le haut, le mécanisme expiratoire se déclenche.
 
La  rétraction de ce muscle peut être déclenchée par des  traumatismes  psychologiques (stress) et physiques, de l’asthme, un déséquilibre postural, etc. Elle le force à une expiration toujours ralentie et à un acte d'inhalation forcée et prolongée.

La rétraction du diaphragme peut déclencher de nombreuses pathologies. Une fois contracté, le muscle exerce une force de contraction entre l'origine et l'insertion provoquant une compression des vertèbres  lombaires  pouvant conduire à des lombalgies, des discopathies et des protrusions discales. Enfin, le contact étroit entre le psoas et le diaphragme peut conduire à un processus contractile du psoas lui-même qui est un hyperlordosant de la colonne vertébrale. Suite à l’hyperlordose lombaire, le ventre va se relâcher et la colonne dorsale va se voûter progressivement.

Une tension anormale du diaphragme se répercute globalement sur la posture avec une respiration plus réduite, puisque son mouvement est limité. L’expiration du CO2 est également incomplète.
 
La connexion de la membrane-psoas : 1) membrane 2) membrane tendon 3) d'ouverture aortique 4) d'arcade psoas 5) veine cave ouverture 6) de l'ouverture de l'œsophage

Durant la marche, le pied a un rôle prédominant pour faciliter la respiration !
En dynamique, il est important de signaler que les psoas ont un rôle fondamental pour aider le diaphragme à bien fonctionner. En synergie avec le diaphragme, les psoas interviennent pour assurer une tension de la colonne lombaire qui permet d’offrir un support stable aux piliers diaphragmatiques. Durant la marche, la colonne lombaire se lordose et se délordose de manière alternée.

Cette action provient d’une bonne fonction du pied en dynamique. Le membre inférieur poursuit la rotation des pieds pour favoriser une torsion du bassin. 
Lors de sa torsion, le bassin s’antéverse et se rétroverse asymétriquement afin de placer la colonne lombaire en tension (délordose) ou en détente (lordose). Lorsque la colonne lombaire se délordose, les piliers du diaphragme peuvent prendre appui sur des corps vertébraux stables et solides. Ce contre-appui est nécessaire pour faciliter le travail du diaphragme à l’inspiration.

Torsion du bassin durant la marche
 


Lors du mouvement de rétroversion, les muscles postérieurs de la colonne vertébrale qui sont en tension ont une facilité à actionner les côtes pour poursuivre l’aide à l’inspiration.



Lorsque le diaphragme fait mal son travail, une aide secondaire est nécessaire pour assurer la respiration. Il s’enclenche une surutilisation de la musculature accessoire au repos : sternocléidomastoïdienpetit pectoral, sous-clavier,  trapèze,  élévateur de l'omoplate,  grand denté,  grand dorsal  et érecteurs du rachis . Ces muscles hyperactifs vont à leur tour subir une rétraction de défense, par contractures d’épuisement, provoquant d'éventuelles douleurs cervicales, des problèmes de  coiffe des rotateurs, une limitation des mouvements, etc.
 
 
Lorsque le diaphragme reste tendu et se crispe (précordialgie par exemple), il a tendance à rester dans sa position basse et à comprimer continuellement les organes de l’abdomen jusqu’au bassin. Il génère alors de multiples tensions dans l’organisme et des désagréments souvent sans gravité.

Cela peut se traduire par :

- Une impression de ventre gonflé due à la pression continue dans l’abdomen.
- Une digestion plus difficile, parce qu’un diaphragme abaissé exerce une pression continue sur le foie, l’estomac et bien d’autres organes comme le pancréas, les intestins. L’estomac peut être douloureux (boule au ventre), le transit intestinal déréglé (constipation, transit accéléré, douleurs...).
- Une sensation de crispation au niveau du plexus solaire, situé en dessous du sternum éventuellement douloureux qui peut s’étendre jusqu’à la colonne vertébrale. Cette sensation d’oppression est comme un nœud qui se resserre ou une boule dans le ventre.
- L’oppression du coeur avec les perturbations qui peuvent en découler : palpitations, sensation de malaise cardiaque, sensation augmentée des battements du coeur, accélération du rythme… sans compter le stress que ces malaises engendrent.
- Un mauvais retour veineux au niveau des jambes. Le mouvement de va-et-vient du diaphragme ainsi que la pression exercée sur l’abdomen favorisent la circulation du sang (expulsion vers le cœur et aspiration par le foie). Le mouvement de compression et de décompression du foie assiste celui-ci dans son fonctionnement qui est notamment d’épurer le sang.
- Une hernie hiatale (déplacement de l’estomac par pression continue du diaphragme) avec de possibles remontées acides dans l’oesophage.
- Un dérèglement du système neurovégétatif : système de régulation de la digestion, de la respiration, de la circulation artérielle, sécrétion des hormones…).
- Des soucis au niveau du plancher pelvien : incontinence, difficulté à vider sa vessie, descente des organes, constipation, dysfonctionnement sexuel, douleurs pelviennes ou vaginales.
- Des troubles de l’élocution (souffle coupé dont l’origine n’est que respiratoire, de la fatigue chronique, des difficultés d’endormissement et des réveils nocturnes avec sensation de malaise (angoisse par exemple) ou des crampes.
 
 
 
Le diaphragme est sensible aux émotions !
Le diaphragme est souvent l’élément qui unit « psychologie et posture ». Dès qu’un patient est en stress émotionnel, sa respiration est perturbée : il se crispe du haut du corps en serrant les mâchoires. La conséquence directe est une respiration limitée (respiration haute par la poitrine uniquement) que l’on appelle « respiration inversée ». La respiration se fait alors essentiellement par le haut de la poitrine. Les mâchoires enflammées peuvent perturber l’équilibre du port de tête (d’autant plus si elles ont une asymétrie fonctionnelle) et amplifier un désordre postural descendant.

Il est cependant difficile d'identifier dans quelle mesure l'action posturale conditionne une composante psychologique et vice versa.
 
Mis à part son rôle principal, celui de la respiration, le diaphragme est fort utile pour le chant, le sport, la détente, la digestion…

- Les chanteurs utilisent le diaphragme pour protéger les cordes vocales et gagner en puissance. Pour cela, ils font des exercices pour muscler le diaphragme en plus de leur routine d’échauffement de la voix. Avant tout, il faut savoir le sentir.
La meilleure façon pour chanter avec son ventre est d’imaginer que ce muscle est comme un plateau. Il doit être solide et stable pour servir de base à la voix afin qu’elle puisse être projetée à travers la colonne d’air.
Pour sentir son diaphragme, il suffit de s’allonger sur le dos en plaçant sur le ventre un poids moyen comme un gros livre. Ensuite, il faut s’entrainer à soulever ce poids en utilisant uniquement les muscles situés « dans le ventre » tout en inspirant de l’aire pour remplir les poumons au maximum.

- Les sportifs doivent entrainer et maîtriser leur diaphragme et leur souffle.
Le fait d’effectuer une respiration abdominale à l’effort est économique parce qu’elle utilise moins de muscles que la respiration thoracique. Les poumons suivent l’abaissement du diaphragme en direction de l’abdomen pour un meilleur apport en oxygène.
Certains sports nécessitent une grande maîtrise de la respiration, au travers du diaphragme : l’apnée, le biathlon, le tir à l’arc, etc.
 
 
 
Comment intervenir

Pour conclure, analysons la stratégie à utiliser face à un patient qui se plaint de douleurs à la colonne vertébrale. Tout d'abord, le mal de dos sporadique ne doit pas être sous-estimé, car il nous informe que nous avons une sonnette d'alarme en place. Nous sommes probablement confrontés à une altération posturale qui en s’aggravant pourrait provoquer des protrusions discales, de l'arthrose, des limitations fonctionnelles, des  déchirures, des  contractures, etc.
Il est essentiel de s’intéresser aux petits détails tels que : des arcades dentaires asymétriques, des mâchoireserrées, des désordres musculaires dynamiques des mâchoires, des  lunettes qui ne sont plus adaptées (mauvaise symétrique, mauvais serrage), des déficits oculomoteurs, des déformations en valgus  ou  varus  des  genoux , des chaussures usagées ou à mauvais critères,  des pieds dysfonctionnels (plats, creux, asymétriques, pronatés…), des semelles orthopédiques passives portées trop longtemps, des désordres émotionnels, etc.
 
Une analyse complète de la posture statique et dynamique via un bilan postural OPS :
Pour détecter et connaître les déséquilibres corporels, il est nécessaire de réaliser un bilan postural OPS "Orthopédie-Posture-Sport". Cet examen est effectué avec le logiciel d’imagerie biomécanique "Clinique OPS" qui analyse la posture et la dynamique corporelle. Il se compose des examens de la posture, du dos, des mâchoires, des yeux, des pieds, de la marche, de la course et de mouvements ciblés.


Le protocole de rééducation posturale sera réalisé en tenant compte des évaluations du bilan postural OPS. La rééducation posturale en orthokinésie s’effectue dans un rééquilibrage général tant statique que dynamique. Il peut se composer de thérapies manuelles statiques et/ou dynamiques (l’orthokinésiste va utiliser des techniques spécifiques pour équilibrer le caisson thoracique et le caisson abdominal afin de faciliter les échanges et favoriser l’amplitude respiratoire. Il va également vérifier les vertèbres en rapport avec le diaphragme pour un meilleur fonctionnement et une  meilleure mobilité du diaphragme), de traitements orthopédiques actifs : activateurs plantaires (semelles orthopédiques actives et posturales), activateurs dentaires (gouttières dentaires actives et posturales), activateurs oculaires (planches oculaires actives orthoptiques et posturales), activateurs posturaux (rééducation avec sangles posturales) et d’exercices fonctionnels (renforcement, stretching…).
 
 

Découvrez les traitements orthopédiques posturaux actifs : semelles orthopédiques activessemelles orthopédiques sportsemelles posturales et proprioceptives, semelles fonctionnellesgouttières dentaires activesactivateurs dentaires pluri-fonctionnelstétines buccales activesplanches rééducatrices des yeuxactivateurs posturaux.

Pour trouver les causes des douleurs, découvrez l’examen de la posture OPSun bilan postural complet qui comprend un bilan podologique, une analyse de la posture, un examen du dos …
Découvrez l’avis de patients qui ont eu les traitements actifs sur le blog apod, et sur le site kinépod.
Tous les traitements posturaux standard sont accessibles sur le site posturoshop.
La formation en orthokinésie (posturologie dynamique) est accessible aux professionnels de la santé : physiothérapeutes, kinésithérapeutes, ostéopathes, médecins, coachs sportifs…Témoignages et avis sur Wanarun, blog 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14