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QUELLES SONT LES ERREURS A NE PAS FAIRE POUR OBTENIR LES MEILLEURS EFFETS D’UN ACTIVATEUR PLANTAIRE ?

Christophe Otte
Orthokinésiste
Podologue, Orthopédiste
QUELLES SONT LES ERREURS A NE PAS FAIRE POUR OBTENIR LES MEILLEURS EFFETS D’UN ACTIVATEUR PLANTAIRE ?
Lorsqu’on investit dans une semelle orthopédique active, il est normal d’espérer obtenir des effets bénéfiques sur sa santé. Pour s’en assurer, il faut suivre un minimum de recommandations.
Avant toute chose, il est essentiel de connaître le fonctionnement d’un activateur plantaire pour comprendre les erreurs à ne pas faire. Un activateur plantaire est une semelle dynamique qui oblige le pied à se mouvoir dans ses amplitudes physiologiques. Par ce mécanisme, il va réactiver la proprioception ainsi que les muscles du pied et des étages articulaires supérieurs (action posturale).
À titre d’exemple, voici un schéma de mobilité d’un activateur plantaire Kinépod.


La priorité, être progressif !
Lorsqu’un pied est dans une déficience proprioceptive et musculaire, il faut être prudent au début du port des activateurs plantaires. La stimulation de la semelle doit impérativement être progressive pour éviter des courbatures, voire même des blessures. Ceci d’autant plus important si le pied a été inactif durant une longue période. Imaginez que vous n’ayez jamais couru de votre vie et que vous vous décidiez du jour au lendemain d’effectuer un marathon. La souffrance des jours suivants sera inévitable ! Il faut avoir le même raisonnement avec des activateurs plantaires. Un entraînement doit être progressif. Il doit varier d’une personne à l’autre puisque chaque organisme est unique et a son propre vécu.

Un pied peut être déficient pour diverses raisons :
  • À cause d’un facteur génétique (héréditaire).
  • Suite à un traumatisme (fracture, entorse…) ou des maladies infectieuses (arthrite).
  • Par adaptation à un trouble postural descendant (déficience des mâchoires, des yeux, de l’oreille interne…)
  • Par le port excessif de chaussures et semelles passives ou usagées.
La mode propose trop souvent des chaussures passives !
Les marques de chaussures pensent trop rarement au bien-être du consommateur. Ce n’est d’ailleurs pas leur rôle ! Il faut savoir que le port prolongé de chaussures ou de semelles passives joue le même rôle qu’un plâtre. Ces chaussures et semelles passives peuvent occasionner des séquelles de l’immobilisation lorsqu’elles sont portées en continu au-delà de 8 semaines.
Une chaussure est dite passive dès le moment qu’elle réduit la mobilité du pied. Les chaussures avec un talon surélevé par rapport à l’avant-pied, des renforts sous la voute plantaire, un contrefort rigide et une semelle épaisse rigide sont des éléments qui peuvent limiter le mouvement d’une semelle active lors de la marche et l’empêcher de jouer son rôle de ressort « amortisseur » pour absorber les chocs et d’«adaptateur » pour s’adapter aux variations de terrains et aux désordres posturaux descendants.
 


 
L’activateur plantaire Kinépod est une semelle active sur mesure qui fonctionne comme un ressort dynamique sous le pied.
Par son système de modulabilité breveté, il est aisément possible de rendre un activateur plantaire « passif » grâce à l’ajout de renforts qui rigidifient et bloquent le pied.

Cet effet passif est essentiellement conseillé dans un stade inflammatoire aigu pour un temps limité à 6 semaines afin d’éviter des séquelles de l’immobilisation (voir article). La mobilité peut dans certaines pathologies aiguës s’avérer aggravante. Le thérapeute doit pouvoir réagir en adaptant le traitement par une immobilisation qui réduira l’inflammation. L’ajout d’élément sous l’activateur plantaire sera nécessaire en phase aigüe. Mais une fois l’inflammation disparue, il faudra impérativement enlever les éléments pour retrouver le dynamisme stimulant de la semelle nécessaire à la rééducation fonctionnelle du pied lésé.

Si la chaussure a des renforts qui limitent le mouvement de la semelle, cette dernière perdra donc toute son action dynamique comme si on lui avait ajouté des éléments passifs.


Une chaussure avec un contrefort postérieur rigide est aussi un élément passif puisqu’il empêche l’arrière-pied de bouger. Le port d’un activateur plantaire Kinépod force le talon à se mouvoir alors que le contrefort postérieur rigide de la chaussure l’empêche de bouger. La face postérieure du talon peut s’enflammer et des phlyctènes (ampoules) peuvent rapidement apparaître. Il n’est pas concevable de mettre deux éléments à actions opposées ensemble, d’un côté la semelle active « dynamise » et d’un autre côté le contrefort postérieur rigide « bloque » ! Dans ce cas spécifique, il n’y a pas d’autres solutions que d’assouplir le contrefort postérieur s’il est déformable ou de ne plus porter ces chaussures avec les semelles actives.
 
Une chaussure usée perturbe l’efficacité des semelles actives !
Il faut savoir que la durée de vie d’une chaussure de ville est estimée à 6 mois et que celle d’une chaussure de running est de 500 km.
Une chaussure usagée avec une semelle externe en mousse « tassée » qui a pris la forme du pied ou de la semelle orthopédique est un outil passif puisqu’il réduit la mobilité du pied. Une semelle active qui est enfoncée dans une mousse tendre perd tout son dynamisme. La sensation dynamique de la semelle posée sur un sol plat doit être retrouvée à l’identique dans une chaussure. Si la sensation est celle d’un soutien du pied fixe, c’est que la semelle active est bloquée et qu’elle est devenue passive. Il est donc important de se séparer des chaussures usagées dès qu’il y a une gêne dans l’appui du pied sur la semelle.

Une semelle externe d’une chaussure usée peut aussi perturber l’effet de la semelle active. Il est toujours conseillé d’utiliser des chaussures peu portées voir neuves pour démarrer avec des activateurs plantaires.

La chaussure avec semelle externe à lamelle peut à la longue occasionner des douleurs aux talons. L’ajout d’une semelle active va instantanément soulager la contrainte, mais c’est la semelle qui va souffrir d’une pression externe anormale et ponctiforme comme si une lame métallique la frappait à chaque contact du pied au sol. La durée de vie de la semelle peut être réduite par cet excès de contraintes anormales !
 
Évitez les chaussures trop serrantes !
Un pied peut souffrir de compression s’il manque de place dans la chaussure. Lorsqu’on ajoute une semelle dans une chaussure, il y a une réduction de la place. Une compression anormale peut occasionner des irritations au niveau des orteils et des têtes métatarsiennes. Il peut s’en suivre des engourdissements (paresthésies) et un trouble circulatoire (pied froid). Dans certains cas, le talon surélevé par la semelle active peut frotter anormalement sur des coutures du contrefort postérieur de la chaussure et engendrer des ampoules (phlyctènes) à l’arrière du talon.
Pour éviter ces désagréments, il est primordial de toujours enlever la semelle de propreté de la chaussure lorsqu’elle est présente. S’il n’y en a pas, il est souhaitable de mettre les semelles avec d’autres chaussures plus adaptées à la largeur de l’avant-pied et la hauteur du contrefort postérieur de la chaussure.
Les chaussures trop étroites, qui ne conviennent pas aux semelles actives, pourront être portées en alternance sans semelle de temps en temps. Il est important de retenir que l’objectif du port d’activateurs plantaires est de rééduquer le pied pour que le patient puisse s’en séparer en alternance, voire définitivement. Un bilan de contrôle postural OPS est le seul moyen pour savoir si le pied a retrouvé une fonction normale et qu’il ne nécessite plus l’action au quotidien d’un activateur plantaire.
 
Adapter la longueur de la semelle par rapport à la chaussure est une nécessité.
Un pied dynamique s’allonge naturellement lors de la marche. Il en est de même avec une semelle orthopédique active. Il est impératif d’écraser manuellement la semelle quand elle est placée dans la chaussure pour vérifier son élasticité. Si la semelle est trop longue, elle ne pourra pas s’allonger normalement. Elle se rigidifiera ou un pli s’effectuera sous l’avant de la semelle. Dans ce cas précis, il est nécessaire de recouper l’avant de la semelle pour qu’elle puisse jouer sa fonction dynamique.
Il faut savoir qu’il existe différentes mesures pour une même pointure de chaussure. Toutes les chaussures d’une même pointure sont différentes selon le pays de fabrication. À titre d’exemple, une pointure 36 chinoise est plus petite qu’une pointure 36 allemande. Pour cette raison, il faut toujours ajuster la longueur des semelles à la chaussure avant d’utiliser des semelles actives.
 
L’ostéopathie peut s’avérer nécessaire pour rendre plus efficace la semelle active !
La semelle active favorise une mobilité de l’arrière-pied qui se répercute en chaîne montante sur les étages supérieurs (genou, hanche, bassin, colonne vertébrale). Si la semelle est bloquée dans sa mobilité, la dynamique posturale ne pourra pas bénéficier de son action stimulante ascendante. Comme mentionné plus haut, la chaussure est la principale fautive d’une réduction de la mobilité d’un activateur plantaire. Pourtant la mobilité complète de la semelle active ne se répercute pas toujours jusqu’au bassin malgré de bonnes chaussures. Une fixation articulaire causée par des tensions musculaires ou des fibroses peut réduire cette mobilité sur divers étages. C’est pour cette raison qu’une séance en thérapie manuelle (orthokinésie, ostéopathie, chiropractie, étiopathie…) peut d’emblée relancer la mobilité d’un segment qui freine l’action de la semelle. À titre d’exemple, une semelle active qui bouge sur 12 degrés d’amplitude verra une amplitude de la hanche de 6 degrés si le genou est partiellement fixé et qu’il ne laisse que la moitié de la mobilité de la semelle se propager dans le corps. Une séance de thérapie manuelle du genou permettra de rendre maximale l’action de l’activateur plantaire sur la dynamique posturale.
 
La mobilité articulaire posturale maximale est rarement instantanée !
Un activateur plantaire (semelle orthopédique active) stimule les muscles posturaux déficients et réduit l’activité des muscles en excès. Elle va permettre un équilibrage des muscles à force de rééducation. L’effet d’équilibrage n’est pas instantané. Dans les premiers mois du port des activateurs plantaires, il peut être normal d’avoir de petites courbatures des muscles déficients puisqu’ils se réactivent. Il peut donc être normal d’effectuer des tests de mobilité qui sembleront moins performants dans cette période puisque certains muscles en surtravail seront plus raides par l’effort fourni. Ce mécanisme est similaire à tester la mobilité articulaire le lendemain d’un travail des muscles qui entourent cette articulation. Elle semblera réduite, voire « bloquée » en mobilité parce que les muscles sont courbaturés par l’excès de déchets développés la veille suite à l’effort fourni. Il faudra laisser le temps aux muscles d’évacuer leurs déchets pour retrouver une élasticité musculaire normale et une mobilité articulaire optimale. En somme, la mobilité testée des articulations supérieures au pied (genou, bassin) peut naturellement être altérée selon l’excès de travail des muscles durant une période de rééducation stimulante par des activateurs plantaires.

 
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